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3615 tout le reste
29 octobre 2012

It's better to burn out than to fade away (?)

Pour ceux et celles qui ont saisi la référence: chapeau.

Pour les autres, il s'agit de la dernière phrase de la lettre de suicide de Kurt Cobain. Ma première "vraie" idole. Et donc la première occasion de ma vie où je me suis vraiment interrogée sur le fait de se tuer. 

C'est de ça que je vais parler aujourd'hui, mais ne vous sauvez pas tout de suite en courrant, je ne vais pas annoncer que c'est mon intention. 

Simplement, et pour une raison qui me perturbe et que j'ai du mal à vraiment saisir, cela me fascine. C'est plus que de la curiosité, ou que de l'intérêt. C'est vraiment une pure fascination morbide. De la même façon, je suis complètement hypnotisée par les dépendances, notamment à la drogue. Ce qui ne veut en aucun cas dire que je prends ou ai pris des drogues, ou que j'admire les gens qui le font. (j'ai au contraire du mal à refouler mon profond mépris, alors que je trouve ça nul d'être en position de jugement)

L'idée du suicide m'emplit d'une tristesse indescriptible. Notre existence est purement dédiée à la survie, de son commencement à sa fin. C'est notre but sur terre, survivre et perdurer. Et il s'agit de beaucoup plus que d'un goût généralisé pour la vie. Nous n'avons pas le choix. Nos gènes nous imposent de vivre, coûte que coûte. Et de redouter quoi qu'il arrive la douleur, la blessure. Se laisser aller au danger est extrèmement difficile. Personne ne saute du haut du pont du premier coup. Même lorsqu'il y a un élastique ultra solide attaché à ses pieds et que des centaines de personnes sont passées avant.

Mais les gens qui se suicident passent non seulement au delà de tous ces instincts de peur de la mort, mais ont une douleur de vivre suffisament puissante qu'ils passent de l'autre côté de la barrière. Et le fait que ce soit possible d'être malheureux à ce point me déprime profondément. 

Il y a un tout petit peu plus d'un an, un de mes amis se tuait, sautant du toit d'un immeuble au 9ème étage. C'est, chaque fois que j'y pense, un coup de poignard dans mon coeur. La formulation est ringarde et galvaudée, mais c'est réellement ce que je ressens. Et je ne comprends pas. Je l'ai croisé, dans les escaliers, cet après-midi là. Je ne l'avais pas vu depuis quelques jours, et je l'ai trouvé amaigri et très pâle. Je lui ai demandé comment il allait. Et il m'a dit que ça n'allait pas fort. et je l'ai laissé partir, parce que je pensais à autre chose. Parce que j'étais omnubilée par mes pensée égoïstes. Donc il est parti, il a traversé la Seine, est monté en haut de cet immeuble, et a sauté. Il avait 35 ans. Il était hypersensible, et avait très récemment été diagnostiqué bipôlaire. Je l'ignorais, et ça m'a sauté aux yeux quand ses parents me l'ont appris. Je n'arrive toujours pas à croire qu'il soit mort. Qu'il se soit tué. Que sa propre existence ait pu autant lui peser. Et, évidemment, je m'en veux terriblement de n'avoir rien vu. Même en sachant qu'il était suivi par des médecins.

Enfin, là n'est pas le propos. Je revois son visage, je revois son sourire, et je ne peux pas croire que tout ça ait disparu d'une seconde à l'autre, pulvérisé au sol. Je ne peux pas croire que le garçon avec qui je buvais du champagne deux mois plus tôt en riant ait pu être dans un tel état de souffrance qu'il ait réussi à enjamber cette balustrade et à se précipiter dans le vide. Et ça m'anéantit de prendre la mesure d'un tel désespoir. 

Pour lui très particulièrement, je reste persuadée que sa bipôlarité, qui était très aigue, a joué un rôle prégnant dans son passage à l'acte. Mais malgré tout je ne peux pas m'empêcher d'avoir peur. Peur d'être un jour dans un tel état de dépression, ou, pire encore, que l'un de mes proches reproduise la même chose.

J'aurais aimé faire en sorte qu'il laisse une trace, mais je ne sais toujours pas comment. Le fait qu'il puisse tomber dans l'oubli me rend folle. Il était gentil, vraiment gentil, dans le sens doux et tolérant. Il adorait les enfants. Il était généreux. Il était intelligent. Il était beau. Il était apprécié. Il avait des rèves, beaucoup. Il essayait de les réaliser. Je ne comprends pas ce qui manquait. C'est débile de se dire ça, chacun peut avoir une vie idéale vue de l'extérieur. Il voulait des enfants. Je crois que la fêlure se situait là. J'ai cru comprendre qu'à deux reprises dans sa vie il avait été confronté à des compagnes qui avaient avorté sans le consulter, alors qu'il ne rêvait que d'une chose: devenir père. 

 

Voilà, ce post n'a pas vraiment de début ni de fin, mais je voulais parler du suicide parce que ça demeure quelque chose que mon esprit se refuse obstinément à assimiler.

 

Et sinon vous pouvez écouter ça pour vous remettre de tant de darkness

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